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L’idéologisation des médias ronge l’amitié franco-turque

médias en France

Depuis plusieurs années, et de manière beaucoup plus intense, les Français de confession musulmane sont la cible récurrente de médias idéologisés.

Il existe deux sortes de médias en France : les médias éthiques et les médias idéologiques.

Les médias qui se soucient uniquement de rendre compte et d’informer le public sont des médias éthiques, à l’instar du site web d’information « Mediapart« . Il s’agit souvent de médias qu’on essaie de faire taire, et ces derniers sont désormais minoritaires, voire en voie de disparition.

Quant aux médias idéologiques concentrés essentiellement aux mains de quelques industriels, ceux-ci font du journalisme en divisant les citoyens entre « ceux qui sont avec eux et ceux qui sont contre eux ». Pour eux, peu importe ce qui est dit ou ce qui est fait. Ainsi, les journalistes de ces médias idéologiques ou idéologisés écrivent à propos des autres, seulement à travers le prisme d’une idéologie constituant la ligne éditoriale de ce média.

Principale cible : les musulmans

Dans le cadre de ce journalisme idéologisé, principalement les musulmans et les immigrés sont traités comme des ennemis. Ces médias idéologiques ne s’en tiennent pas seulement à les attaquer, à vouloir les discréditer, les humilier. Ils ciblent également tout le monde qui leur sont proches, qu’il s’agisse des hommes politiques, des artistes et même des journalistes.

Ils veulent faire le vide autour de « ceux qui ne sont pas avec eux » à travers leurs émissions, leurs reportages, leurs éditos… Pour eux, ils n’ont aucune raison d’être musulmans. Ainsi, les rares politiques et intellectuels de gauche ou pas, qui dénoncent et qui considèrent contraire aux droit humains « la loi sur le séparatisme », sont aussitôt discrédités et accusés par ces médias d’être les portes drapeaux de « l’islamo-gauchisme ».

Pourtant, comme le rappelle le chercheur en sciences politiques, Samuel Hayat, la notion « d’islamo-gauchisme » est un concept de bric et de broc. En effet, selon Hayat, ce mot est convoqué par ces médias idéologisés afin de rassembler celles et ceux qui veulent en découdre avec l’islam et les musulmans, tout en délégitimant la gauche intellectuelle et les sciences sociales.

Méthodologie des médias idéologiques

Les médias idéologiques disposent d’une méthodologie standardisée. Il s’agit d’une méthode d’élimination qui détermine d’abord les cibles à détruire. Pour illustrer cette situation, disons que la cible choisie est la Turquie et son président, Recep Tayyip Erdogan. Pour aller dans ce sens, ces médias idéologiques vont d’abord placer des repères sémantiques, généralement nourris de préjugés.

Ainsi, la Turquie va d’abord être identifiée comme un pays du Moyen-Orient ; les journalistes de cette presse idéologisée vont très souvent employer une terminologie visant à renforcer cette sémantique orientaliste, avec des mots tels que « harem » ou « hammam » nourris de connotations péjoratives.

Ensuite, c’est le président lui-même qui est attaqué sans aucune retenue. Ainsi, le président élu démocratiquement devient « sultan », « autoritaire », un « néo-ottomaniste » « rêvant de reconstituer l’Empire Ottoman », parce qu’il combat le terrorisme ciblant ses concitoyens, et que les intérêts de la France entrent en conflit avec ceux de la Turquie.

Attaques simultanées et bien coordonnées

Les médias idéologiques n’en resteront pas là. Ils s’efforceront d’imprégner leurs préjugés dans toutes les couches de la société en diversifiant la forme de leurs attaques, notamment en faisant appel à des caricaturistes. Pour enfoncer le clou, certains universitaires, sociologues, des soi-disant « spécialistes de la Turquie » entreront en jeu afin de bombarder le public d’informations mensongères et déconnectées de la réalité, dans le cadre de cette guerre idéologique.

Puis, de façon synchronisée, les journaux nationaux, régionaux et locaux se feront les relais de ces nouvelles atteignant progressivement toutes les couches de la société. C’est ainsi que de façon inévitable, la Turquie et son président Erdogan seront diabolisés par ces mêmes médias faisant l’autruche face à l’accueil et la glorification d’un vrai dictateur comme l’Égyptien Sissi.

Lorsqu’il s’agit de groupes dont l’idéologie est proche de celle fixant la ligne éditoriale de ces médias, l’éthique journalistique s’évapore et laisse la place à la solidarité idéologique. Ces médias idéologisés ne font preuve d’aucun esprit critique vis-à-vis de ceux qui -en France et dans le monde- agissent dans la lignée du groupe armé terroriste PKK et de sa branche syrienne les YPG; et surtout, ces médias ne les accuseront jamais d’être les pions du PKK, comme ils peuvent en accuser d’autres d’être les « pions d’Erdogan »... .

Au contraire, les militantes de cette organisation terroriste sont mises à la Une des magazines de mode afin de les ériger en héroïnes, du fait de cette idéalisation aveugle de la ligne du PKK et des YPG, y compris sur des chaînes comme ARTE où la fraternité idéologique du point de vue politique prévaut sur la violence et l’irréversible destructions causées par les actes terroristes du PKK/YPG.

L’idéologisation des lignes éditoriales est si évidente que ceux qui interviennent pour parler de la Turquie sont toujours les mêmes personnes, hostiles à la Turquie. Le point commun unissant ces politiciens, académiciens et journalistes, n’est autre que leur hostilité à la Turquie et au président Erdogan. Les contenus de ces médias idéologisés ne donnent jamais la parole aux citoyens Turcs soutenant la politique d’Erdogan ; ces citoyens pourtant majoritaires dans le pays…

Les médias idéologiques attisent la haine

Il faut dire que les médias idéologiques n’hésitent pas tromper l’opinion publique française avec des publications biaisées et -faut-il encore le préciser- idéologisées. Tentant de polariser la société, ces médias, en vertu de leurs propres orientations idéologiques, désignent l’islam et les musulmans comme des ennemis de la société.

Pour les idées qu’il défends, Ali Gedikoğlu, président de l’association COJEP International, a par exemple été poursuivi en Justice puis jugé à Paris pendant deux ans, avant d’être totalement acquitté. Ces médias ne sont pas mêmes cohérents dans les valeurs qu’ils prétendent défendre, notamment la liberté d’expression, se permettant poursuivre en justice ceux qui ne pensent pas comme eux.

Il faut reconnaître que la Turquie a changé en 20 ans et est gouvernée par des acteurs différents. Ceux qui nourrissent l’esprit de confrontation ne rendent pas service aux deux pays. Une partie de ces anciens acteurs, qui n’ont que la haine de la Turquie dans leur bouche, empoisonnent les relations amicales franco-turques, vieilles de 500 ans.

En réalité, les tensions entre la France et la Turquie sur le Haut-Karabakh, la Libye, la Grèce et la crise en Méditerranée orientale émanent indéniablement de ces médias idéologiques cherchant à envenimer les choses. Pourtant, un terrain d’entente n’est pas si difficile à trouver.

La ligne éditoriale biaisée et hostile de ces médias idéologiques place l’État français dans une position difficile à tenir, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

Afin de nourrir l’amitié entre les peuples, ainsi que la cohésion nationale, plus de médias éthiques est une nécessité indispensable.

* Ali Gedikoğlu est président et fondateur de l’organisation non-gouvernementale COJEP International. Celle-ci lutte sur la scène internationale contre le racisme, les discriminations et l’islamophobie, et fait la promotion de la citoyenneté, de la démocratie et de la justice.

**Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de Medyaturk Info.

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