Le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi a demandé, lundi, à son homologue français Emmanuel Macron, de « réviser » les lois qui permettent de « blesser des millions », en faisant allusion aux caricatures du prophète Mohamed.
« Nous reconnaissons que les religions (…) sont sacrées et ont la suprématie » sur la loi des hommes, a plaidé le dirigeant égyptien.
C’est un face à face sous tension qui s’est joué, lundi, lors de la conférence de presse officielle tenue par les deux chefs d’Etat au terme d’un entretien à l’Elysée.
Interpellés par un journaliste égyptien sur la question des caricatures, les deux présidents ont confronté leurs points de vue.
S’il a réaffirmé sa condamnation formelle de « tout attentat terroriste » motivé par la publication des caricatures du prophète Mohamed, Abdelfattah Al-Sissi a pris ses distances avec la position française.
« L’Homme a le droit d’avoir la religion qu’il veut et refuser ce qu’il veut (…) mais on ne peut pas soutenir que, pour les valeurs humaines, on va violer notre religion », a déclaré le président égyptien.
Il a affirmé que « les valeurs humaines ont été faites par l’Homme » et qu’il est donc possible de « les rationaliser et les évaluer », alors que les valeurs religieuses ont « la suprématie ».
Macron pas d’accord
« C’est là qu’il y a un risque de balbutiement de notre histoire. Nous nous plaçons l’Homme au-dessus de tout », lui a rétorqué Emmanuel Macron.
Ce dernier a, par ailleurs, lancé au journaliste à l’origine de cette question, que « la loi permet au dessinateur » de dessiner ce qu’il veut, clôturant son propos par : « je ne vais pas la changer pour vous ».
Avant cette séquence aussi inédite qu’embarrassante, Emmanuel Macron avait fait savoir qu’il ne « conditionnerait pas » la vente d’armes à l’Egypte, à un protocole de respect des Droits de l’Homme.
S’il indique avoir demandé des garanties à son homologue, il considère vouloir poursuivre les relations entre les deux pays, de manière apaisée et constructive.
Invité de Macron, la visite d’Etat d’Al-Sissi à Paris, doit durer trois jours et a provoqué de vives crispations dans les rangs des militants.
Un rassemblement est notamment prévu devant le Palais Bourbon, lundi soir, pour protester contre la venu de président égyptien en France et réclamer des garanties en matière de respect des droits humains.