En vertu d’une proposition de loi française sur le ‘’séparatisme islamiste’’, rebaptisé projet de loi « confortant les principes républicains », visant à la prévention de la « radicalisation », Macron espère-t-il maintenant l’identification des enfants des musulmans?
Selon ce projet de loi, chaque enfant en France se verra attribuer un « identifiant national » pour s’assurer qu’il est scolarisé et ainsi soustraire ces enfants « aux griffes des islamistes », selon les tenants de ce projet de loi.
Bien que les dispositions de l’article 20 de ce projet de loi concernent les enfants français, indépendamment de leur appartenance religieuse, des associations musulmanes craignent que leurs cibles inavouées soient les enfants musulmans.
En septembre, le président français Emmanuel Macron avait déjà présenté des plans pour lutter contre ce qu’il appelait le « séparatisme islamiste » dans les quartiers pauvres de France, en s’appuyant sur des allégations selon lesquelles des enfants de familles musulmanes ultraconservatrices seraient retirés de l’école, alors que des associations sportives et culturelles seraient utilisées pour endoctriner ces enfants.
« Nous devons sauver nos enfants des griffes des islamistes », avait récemment déclaré le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin à la presse locale.
Interdiction d’école à la maison
La législation interdirait donc l’enseignement à domicile dès l’âge de trois ans, sauf dans des cas très limités.
Le projet de loi, qui a été finalisé après le meurtre infâme de l’enseignant Samuel Paty, en banlieue parisienne, le mois dernier, criminaliserait également l’intimidation des fonctionnaires pour des motifs religieux.
« Cette loi signifie : ‘Ne touchez pas à mon professeur, ne touchez pas aux valeurs de la république’, déclarait le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti à une radio française.
La France fait l’objet de nombreuses critiques quant à son approche de l’Islam.
Non contentes de s’en prendre aux valeurs de cette religion, en affichant des caricatures offensantes envers le prophète Mohamed sur les façades des bâtiments publics, les autorités françaises ont récemment été épinglées par le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) pour le traitement réservé à des enfants musulmans.
Arrestation de 4 enfants de 10 ans
Marta Hurdado, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) a ainsi apporté son soutien à quatre enfants musulmans de 10 ans, placés en garde à vue pendant 11 heures à Albertville en France, et poursuivis pour « apologie du terrorisme », pour leurs propos lors d’un débat en classe autour de la liberté d’expression, les caricatures du Prophète Mohamed et l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty.
Ces quatre enfants de 10 ans, dont 3 d’origine turque et le dernier d’origine algérienne, ont été traités comme des « terroristes » et retenus pendant 11 heures au commissariat d’Albertville.
« L’arrestation et la garde à vue d’enfants doit être la dernière solution, a estimé Marta Hurdado. Si elle doit avoir lieu, elle doit être la plus courte possible et doit se faire en s’efforçant de préserver l’intérêt des enfants. »
C’est ce que prévoit l’article 3 paragraphe 1 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Il met en avant « l’intérêt supérieur des petits » dans tous les cas de figure.
La représentante de l’ONU a par ailleurs rapporté que de nombreux experts et rapports du HCDH ont, dans le passé, dénoncé la législation antiterroriste française.
« Le mécanisme des Droits de l’Homme de l’ONU a dénoncé la définition française de ‘soutien au terrorisme’, estimant qu’elle réduit inutilement le champ de la liberté d’expression, et qu’elle est aussi trop fréquemment utilisée contre des enfants mineurs », a-t-elle rappelé.