Un législateur français, membre de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française a réitéré, dimanche, son appel au retrait des forces armées d’occupation arméniennes des territoires azerbaïdjanais qu’elles occupent illégalement depuis environ trois décennies.
Dans un entretien accordé à l’Agence Anadolu (AA) le Député de Charente, Jérôme Lambert a exprimé sa tristesse et son inquiétude alors que des affrontements frontaliers ont éclaté dimanche, après que les forces arméniennes ont pris pour cibles des zones résidentielles civiles et des positions militaires azerbaïdjanaises. L’Azerbaïdjan déplore plusieurs victimes parmi la population civile et le personnel militaire.
– Le manque de réactivité de la France et du Groupe de Minsk face à l’occupation arménienne.
Absence de réaction française
Le Député Lambert a regretté l’absence de réactivité de la part de l’exécutif français ainsi que du Groupe de Minsk face à ce qu’il a qualifié d' »occupation illégale de 30 % des territoires azerbaïdjanais par l’Arménie, depuis la violente invasion de 1991″.
« Cela fait des années, et depuis les malheureux incidents de mi-juillet, des semaines, que je n’aie de cesse de rappeler aux autorités françaises d’être réactives et de pousser l’Arménie à entreprendre de réelles négociations avec l’Azerbaïdjan », explique l’élu de Charente, qui pense que la situation perdure depuis trop longtemps :
« Cela fait 30 ans que l’Azerbaïdjan est en droit de récupérer ses terres occupées illégalement par l’Arménie », estime Lambert, précisant également que « l’Arménie a été condamnée par l’ONU, mais la situation perdure du fait de l’Arménie qui a envahi et occupé le Haut-Karabagh et d’autres (plus importants encore) territoires azerbaïdjanais, et qu’elle refuse de se retirer de ces territoires occupés illégalement ».
– « Aucune négociation réelle n’est possible sans le retrait préalable des forces arméniennes d’occupation »
Le Député Lambert déplore le manque de résultats des timides initiatives entreprises par le Groupe de Minsk de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), coprésidé par la France, la Russie et les États-Unis, et créé en 1992 pour trouver une solution pacifique au conflit.
Malgré le cessez-le feu signé en 1994 entre les parties belligérantes, l’occupation illégale des territoires azerbaïdjanais n’a pas cessé, et Lambert estime que l’Arménie est, une fois de plus, responsable du prolongement de ce conflit, le député arguant qu' »aucune négociation réelle n’est possible sans le retrait préalable des forces arméniennes d’occupation ».
« Le problème ne peut se régler que par la cessation de l’occupation arménienne », note encore l’élu, déplorant « de nouveaux incidents graves avec des morts, cet été ».
Appel au Président français pour favoriser la paix
De ce fait, Lambert réitère son appel au président français pour favoriser la prise de décisions par les autorités arméniennes, qui favoriserait la paix :
« Nous avons (avec d’autres députés), à nouveau interpelé, cet été, le Président [Emmanuel Macron] pour qu’il intervienne afin d’éviter que ça dégénère, et malheureusement ça dégénère », regrette Lambert qui explique avoir « reçu une belle lettre du Président de la République qui me dit que le Ministre des Affaires étrangères s’en occupera bientôt, mais voilà la situation… », déplore-t-il avant d’ajouter que « l’Arménie est responsable et coupable de la situation anormale sur le plan du droit international ».
Lambert regrette également l’absence de volonté réelle démontrée par l’exécutif arménien pour parvenir à résolution durable du conflit :
« Quand aucune réelle négociation ne prend place, quand aucun effort n’est fait de la part des autorités arméniennes, on ne peut malheureusement pas s’attendre à une résolution du conflit ».
Jérôme Lambert – Anadolu
Lambert rappelle enfin la nécessité de trouver une solution à la situation des dizaines de milliers d’Azerbaïdjanais expulsés des territoires occupés :
« Quand j’ai rendu visite à l’Azerbaïdjan, j’ai vu ces milliers d’Azéris chassés de leurs terres du fait de l’occupation arménienne, c’est vraiment accablant. Ces gens veulent pouvoir retourner chez eux ».
Violation du droit international par l’Arménie
Les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont tendues depuis 1991, lorsque l’armée arménienne a illégalement occupé le Haut-Karabakh, ou région du Nagorny-Karabakh, un territoire internationalement reconnu comme étant azerbaïdjanais.
En juillet dernier, les violations du cessez-le-feu par les Arméniens ont fait 12 martyrs et quatre blessés parmi les soldats azerbaïdjanais.
Quatre résolutions du Conseil de sécurité et deux de l’Assemblée générale des Nations unies, ainsi que des décisions de nombreuses institutions internationales, font référence à l’invasion illégale des territoires azerbaïdjanais par les forces arméniennes d’occupation, et exigent leur retrait du Haut-Karabakh et de sept autres régions occupées, appartenant à l’Azerbaïdjan.
Par ailleurs, le conflit entre les deux ex-républiques soviétiques a coûté la vie à plus de 25 000 personnes, et créé plus de 1,2 millions de réfugiés.
Les forces arméniennes ont commis plusieurs massacres au cours de la Guerre du Haut-Karabagh, notamment le 26 février 1992, lorsqu’au moins 613 civils azéris ont été massacrés par les forces armées arméniennes dans la petite ville de Khojaly.