Site icon Medyaturk

Ôtez ce voile que je ne saurais voir !

voile assemblée nationale

« Couvrez ce sein, que je ne saurai voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées.
Et cela fait venir de coupables pensées » faisait dire Molière dans Le Tartuffe voilà quelques siècles.

Mais depuis les choses ont bien changé, montrer un sein est devenue banale, le nudisme un mode de vie et l’apprentissage de la sexualité à l’école fondamentale. Remettez en question ces principes, ou même émettez un simple doute sur le bien-fondé de ces questions, et vous serez de facto accusé d’obscurantiste, ou pire, de « vulgaire islamiste » qui voudrait imposer la Chari’a.  D’ailleurs combien osent s’aventurer dans de telles péripéties ?

La République en danger ?

Si hier la monarchie catholique était menacée par les libertins, il semblerait qu’aujourd’hui la République l’est par une croyance « venue d’ailleurs ». L’islam à travers ses fidèles doit être combattu coûte que coûte, quitte à bafouer tous les droits et principes que cette même République donne à chacun de ses citoyens.

Nous vivons une époque où le politique, est aussi législateur s’il faut le rappeler, donc censé connaître la loi mieux que quiconque, ne s’encombre plus des lois ou règlements quand il s’agit de discriminer les musulman.e.s.

Aujourd’hui en Turquie, plusieurs femmes voilées représentent les citoyens au sein de l’Assemblée Nationale. Le sujet ne fait plus polémique et tout le monde à l’habitude de voir des femmes voilées y compris au sein de l’opposition.

Bien évidemment cela n’est pas sans penser à de minables calculs électoralistes pour draguer une extrême droite montant dangereusement. Ainsi des personnalités que nous n’aurions jamais soupçonnées de tomber aussi bas ont fait leur entrée dans le cercle grandissant de l’islamophobie, les derniers en date étant le syndicaliste Philippe. Martinez, secrétaire général du sydicat CGT et, plus surprenant l’ex-candidate socialiste à la présidence, Ségolène Royal qui n’ont pas hésité à enfoncer le clou dans l’affaire Maryam Pongetoux.

Comparaison n’est pas raison ?

Eh bien je vais me gêner ! Puisque fut un temps où les islamophobes de l’hexagone ne se gênaient pas pour la faire, précisément quand il fallait justifier l’humiliation des femmes musulmanes ayant fait le choix de porter un couvre-chef. Cette justification était de montrer le modèle turc qui interdisait l’entrée à l’université des jeunes femmes portant le foulard.

Un pays réputé musulman et ayant recours à de tels agissements ne pouvait être ignoré au grand bonheur de nos laïcs extrémistes. Rappelons qu’à cette époque déjà, et de tout temps d’ailleurs, la Turquie n’a jamais été montrée comme un exemple de démocratie à suivre. Mais bizarrement sur ce sujet elle devint un modèle à suivre.

D’ailleurs personne en France ne se faisait l’écho de ces jeunes femmes discriminées dans les lycées ou universités quand ces dernières se faisaient descendre de l’estrade car 1ère de sa promotion la bouche bâillonnée par une « camarade » ou encore d’autres qui ne pouvaient franchir la porte car un professeur, auto-improvisé gardien du temple l’en empêchait. 

« Donnez une leçon à cette femme ! »

Ces propos sont ceux du 1er ministre turc Bülent Ecevit (SHP) invectivant en 1999 Merve Kavakçi, fraîchement élue députée à l’Assemblée Nationale où elle devait prêter serment. Ce 3 mai 1999, Kavakçi ne sera pas autorisée à prêter serment et plus tard sera déchue de son statut de députée. Belle démocratie n’est-ce pas ? Selon toute vraisemblance c’est pourtant cette « démocratie » que jalouse une (bonne) partie de la classe politique française.

Et la laïcité turque alors ? Où en est-elle ?

Diabolisé et victime de procès d’intention avant même d’arriver au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan était annoncé comme celui qui allait faire de la Turquie un pays similaire à l’Iran ou l’Arabie Saoudite.

          Qu’en est-il ?

De nos jours la Turquie est à mon sens, le pays qui applique le mieux la laïcité dans un atmosphère posée où (toutes) les femmes ont retrouvé une réelle liberté. Ainsi l’État ne lui impose aucune tenue vestimentaire (dans les limites de la décence), elles peuvent être fonctionnaires de police ou militaires et même députées tout en portant un foulard. D’un autre côté, et contrairement aux craintes des annonciateurs de l’apocalypse, celles qui ont fait le choix de ne pas se couvrir la tête n’ont subi aucune pression, d’ailleurs les femmes fonctionnaires de cette catégorie restent très largement majoritaires.

Le ridicule ne tue pas

En conclusion, et espérant qu’un jour la France suivra une fois de plus le modèle turc, on peut dire que la Turquie a résolu « le problème » du voile. Résolu à un point où le Secrétaire Général du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, dans la lignée d’Ecevit et fervent défenseur de la laïcité a déclaré la paternité de cette liberté rendue aux femmes musulmanes.

Murat Büyük

Quitter la version mobile