Après la déroute et la percée des écologistes aux dernières élections municipales du parti La République en Marche (LREM) du président Emmanuel Macron, on pouvait s’attendre à un virage plus à gauche du gouvernement. Mais le président Emmanuel Macron a choisi de virer à droite quitte à une connivence avec l’extrême droite.
En effet, le parti présidentiel n’a recueilli que 9% aux élections municipales où les électeurs avaient envoyé un grand signal pour montrer qu’ils s’attendaient à une politique plus à gauche et plus verte. Mais ce dernier a mal interprété les signaux et a viré à droite notamment en nommant Jean Castex, ancien secrétaire de Nicolas Sarkozy, comme Premier ministre.
Il faut dire que depuis quelques années, les présidents successifs n’ont pas hésité à suivre les pas de l’extrême droite afin de gagner quelques voix supplémentaires qui garantiront la réélection. Ainsi, nous avons eu droit aux débats sur « l’identité française » avec Nicolas Sarkozy, puis « le communautarisme » avec François Hollande. Pourtant, cela n’a pas suffi à obtenir le fameux Saint Graal pour pouvoir prétendre à une reconduite.
Ces débâcles n’ont pas plus convaincu Emmanuel Macron de ne pas suivre les pas de ses prédécesseurs. En revanche, à la différence des anciens présidents, Macron multiplie les attaques contre les musulmans en diversifiant son vocabulaire. Ainsi, tantôt nous avons droit à des accusations de «communautarisme», parfois c’est «l’Islam politique», sans oublier le «radicalisme islamiste». Depuis peu, nous avons droit au «séparatisme islamiste».
Les musulmans dans le viseur
Il faut reconnaître que la crise du coronavirus avait fait oublier toutes les protestations sociales, les voix dissidentes au sein de la société française, les manifestations de plus en plus nombreuses notamment celles des gilets jaunes.
Mais avec le déconfinement progressif à partir du 11 mai, la REM a perdu sa majorité absolue au sein de l’Assemblée Nationale. Mais cette mise en garde des députés n’a pas suffi à faire prendre conscience à Emmanuel Macron la dégradation de la situation des Français.
Pour faire oublier ses échecs à l’intérieur, le président français se repose à nouveau sur les musulmans de France pour les désigner comme boucs émissaires.
Ainsi, dès la prise en charge de ses fonctions le Premier ministre, Jean Castex et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont pris pour cibles les musulmans. En effet, dans son discours de politique générale, Jean Castex a annoncé la préparation d’un projet de loi contre le «séparatisme» ou «le repli communautaire», lesquels seraient à «l’origine des phénomènes de radicalisation violente et notamment de l’islamisme».
De son côté, Gérald Darmanin, nommé le 7 juillet a rendu visite le 8 juillet à une synagogue à Paris pour fustiger ce qu’il a appelé «l’Islam politique».
Vocabulaire de l’extrême droite chez Macron
Ainsi à chaque occasion, le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin juge que «l’islam politique» est un «ennemi mortel pour la République», appelant à lutter «contre toute forme de communautarisme».
Pour rappel, à l’heure actuelle, il n’existe aucun député, aucun ministre, aucun maire se référant à l’islam politique. D’ailleurs la définition est tellement vague que cela pourrait servir le pouvoir à écarter toute opposition crédible.
Malgré cela, le gouvernement prépare une loi contre les «séparatismes», qui suscite des inquiétudes pour les risques d’amalgame et de stigmatisation de la communauté musulmane.
Même si le gouvernement prétend lutter contre «toutes formes de séparatismes», les exemples cités ne visent que les musulmans.
Par ailleurs, le ministre n’a pas hésité à utiliser le terme «Ensauvagement de la société» pourtant un vocabulaire propre à l’extrême droite.
Cette façon de procéder fait craindre une partie de la société française qui voit une certaine connivence entre l’extrême droite et Macron.
D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre ne sont pas les seuls en la matière. En effet, le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer ne cache pas non plus sa proximité avec des milieux identitaires.
Réception des identitaires au ministère de l’Education
Le 23 juillet, le député LREM de l’Essonne, Francis Chouat a publié un tweet dans lequel «il remerciait Jean-Michel Blanquer d’avoir organisé ce moment convivial autour de Laurent Bouvet à l’occasion de la sortie prochaine de son prochain ouvrage sur le péril identitaire».
Par ailleurs, le message montrait Laurent Bouvet, cofondateur du mouvement du Printemps républicain, son épouse, Astrid Panosyan, le ministre Jean-Michel Blanquer et plusieurs invités dans les jardins du ministère de l’Education nationale. Parmi les convives, on pouvait distinguer les cofondateurs du mouvement qui «vise à promouvoir le commun et la laïcité dans le paysage politique français», Gilles Clavreul et Amine El Khatmi, ainsi que le consultant en relations sociales Denis Maillard.
Ces membres du Printemps Républicains vivent comme les dernières sentinelles de la République.
Lancé après les attentats de 2015 par des proches de Manuel Valls, le Printemps républicain entend défendre la laïcité ferme et les valeurs républicaines qu’il estime en danger.
Très présents sur les réseaux sociaux, leurs proximités avec l’extrême droite ne sont plus à démontrer. Dans leurs lignes de mires se trouvent uniquement les musulmans de France qu’ils «accusent de tous les maux de France.»
Ainsi, l’exacerbation par le gouvernement français de la ferveur laïciste avec des réseaux identitaires, dont le point d’orgue va être la mise en place d’une loi sur le séparatisme, s’accompagne d’une recrudescence des inquiétudes de la minorité musulmane en France qui craint de plus en plus d’actes violents à son égard.
D’ailleurs deux mosquées ont été incendiées cette semaine qui illustre parfaitement l’état d’esprits des musulmans.
Propagande du gouvernement français
Il faut dire que la coopération du gouvernement français et de Macron avec l’extrême droite ne s’arrête pas seulement contre les musulmans.
En effet, le même ministre de l’Education qui offre des réceptions à des identitaires, a approuvé un manuel scolaire destiné aux élèves de terminale qui considère la «Turquie comme un pays autoritaire voir dictatorial.»
Outre, la falsification de la vérité sur tout un pays et ses citoyens, le ministre utilise les élèves pour attiser encore plus la haine envers une partie de la population.
Il faut reconnaître que la Turquie fait échouer systématiquement les plans diaboliques de la France. Ainsi, cela devient une vengeance personnelle de Macron contre la Turquie et Erdogan. En effet, la Turquie a fait capoter les plans français d’installer un dictateur en Libye. Ensuite, la France n’a pas réussi non plus à imposer un état terroriste au nord de la Syrie. Enfin, la Turquie ne se laisse pas écraser en Méditerranée.
Cette société est dangereuse pour la France
Ce spectacle quotidien offert par le gouvernement et les réseaux sociaux mais aussi par les médias montre à quel point il est difficile d’être musulman et particulièrement Turc en France. Le compromis tant évident et le respect mutuel laissent leurs places au bannissement de la sphère publique.
Désormais nous assistons à une hystérie générale où la voix de ceux qui haussent davantage le ton est plus audible que ceux qui restent silencieux mais lucides et pourtant majoritaires. En revanche, nous nous dirigeons vers une société où les actes pèsent moins que les intentions que l’on prête à une communauté.
A-t-on le droit, encore, d’être musulman et français sans se devoir à chaque fois se justifier pour les actes des terroristes ? A-t-on aussi le droit d’être musulman tout simplement dans cette société qui condamne sur les réseaux sociaux, dans les médias, chez les politiques sans procès ? Aujourd’hui forcé de constater que, quoi que fassent les musulmans, une partie de l’opinion les juge en mélangeant politique, religion, culture et même la délinquance. Ainsi, cette minorité bruyante impute les faits divers les plus banals à des millions de musulmans qui n’ont pourtant rien demandé.
Ennemis de l’intérieur
Cette société que le gouvernement français veut construire se transforme en une société où il n’y a plus besoin de crimes mais uniquement des soupçons.
Les mauvaises langues disent que désormais certains hommes politiques, dont Macron, ont compris qu’il fallait se retrouver avec le candidat de l’extrême droite au deuxième tour pour se faire élire.
Mais cette stratégie, très nuisante pour une société française déjà très clivée, peut se solder par un échec tant les français ne sont pas dupes. S’il s’avère qu’elle était payante pour le président lui-même, en revanche, elle sera fatale pour la France qui sera plus que jamais encore plus divisée.
Fatih KARAKAYA