Dans un communiqué publié le 3 novembre 2015, le maire de Strasbourg Roland Ries a pris la défense de son adjointe Mine Günbay suite aux nombreuses critiques dont elle a fait l’objet en raison d’une publication sur Facebook qualifiant l’Etat turc d’Etat « fasciste ». Elle avait publié ce message, le 11 octobre dernier, en sortant du bureau de vote au Consulat turc de Strasbourg, lieu qui lui a donné « la nausée » selon ses propos. La communauté turque a alors exprimé son indignation et des milliers de signatures ont été réunies pour que l’intéressée présente sa démission.
Madame l’adjointe s’est donc ajoutée aux propagandistes voulant faire croire à l’opinion publique française que l’Etat turc aurait sciemment repris les hostilités avec le P.K.K. et que le H.D.P. serait un innocent parti n’ayant aucun lien avec le terrorisme. Il est compréhensible que Monsieur le Maire ne soit peut-être pas au courant que le terrorisme en Turquie c’est près de quarante années d’attentats réguliers. Mais Madame Günbay qui, au passage, a le privilège de pouvoir être adjointe à la municipalité d’une ville française et intervenir dans la politique d’un pays se situant à près de 2500 kilomètres en exerçant son droit de vote, ne peut pas, ne doit pas ne pas être au courant que le terrorisme a enlevé la vie à des dizaines de milliers de ses concitoyens turcs. L’idéologie d’extrême gauche marxiste-léniniste du P.K.K. (organisation reconnue terroriste par le Conseil de l’Union européenne) et du H.D.P. peut conduire la gauche française à se lier d’amour même avec le terrorisme, soit. Néanmoins, il faudra en assumer les conséquences. Certaines plumes ne cesseront désormais de présenter aux Français et Françaises le dessous du masque de ceux qui alimentent ou qui soutiennent la terreur. Avec l’espérance que Monsieur Ries apporte un soutien de même nature à l’exercice libre de cette expression.
Au fond, Monsieur le Maire avoue quand même que les propos de son adjointe ont pu être déplacées : « Les interrogations, voire les contestations, peuvent légitimement s’exprimer (…) » (Dernières Nouvelles d’Alsace, article du 3 novembre 2015). Il est vrai, même une expression nauséabonde ne doit pas donner lieu à des menaces dans un Etat de droit. L’affaire Dieudonné a donné l’exemple encore récemment que nous disposons en France de tous les instruments légaux adéquats pour sanctionner l’expression qui constitue une infraction au Code pénal. Ledit texte dispose en son article 421-2-5 : « Le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.\r\nLes peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne. Lorsque les faits sont commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle ou de la communication au public en ligne, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. ». Je pose une question simple à Monsieur le Maire : quand est-ce qu’il va employer ses pouvoirs de police administrative pour interdire les manifestations pro-P.K.K. dans la ville dont il est le maire ? Ce sont des millions de personnes qui subissent les attaques et les menaces de cette organisation terroriste. Ce sont ses concitoyens d’origine turque qui sont victimes directes ou indirectes des crimes commis par le P.K.K. Quand est-ce que Monsieur Ries va déclarer publiquement qu’à Strasbourg, capitale européenne des droits de l’Homme, les autorités n’ont aucune tolérance face au terrorisme indépendamment du support idéologique sur lequel celui-ci repose ? Le 7 janvier 2015, la France a découvert une partie du monstrueux visage de la terreur. Nos nationaux sont surreprésentés dans les organisations criminelles comme Daesh ou Al-Qaïda. C’est un problème national qui ne peut être réglé sans une lutte cohérente et sincère. La crédibilité se perd en côtoyant des groupes terroristes, elle se perd aussi quand les mesures nécessaires ne sont pas adoptées pour sanctionner ceux et celles qui se lient d’affinités avec de tels groupes. Strasbourg ne peut se transformer en chef-lieu du P.K.K. où ses membres et sympathisants peuvent agir en toute impunité. Ankara est régulièrement accusé, surtout en France, de soutenir le terrorisme en Syrie. Nul besoin de regarder si loin, des soutiens de toute nature, politique, financier, académique, philosophique, existent dans l’Hexagone.
A suivre…
J-M.Efe