Alors que le Président français, Emmanuel Macron, souhaite entamer une réforme de la retraite en ayant recours au dispositif 49-3, sans passer par le vote du Parlement, les retraités, eux, s’inquiètent de leur situation.
En effet, autant que les salariés, les retraités subissent de plein fouet l’augmentation des prix de produits alimentaires et perdent en pouvoir d’achat.
Pour pallier à ce problème, plusieurs retraités, notamment d’origines étrangères, décident de passer une grande partie de leur vie dans leurs pays d’origines afin de profiter du coût de la vie moins cher couplé à un avantage de taux de change.
D’ailleurs, la loi française n’impose aucune restriction à un retraité sur le choix du pays dans lequel il souhaite vivre. À partir du moment où l’organisme qui verse la pension est prévenu, l’argent peut même être transféré sur un compte dans ce pays.
Pourtant, il y a une partie de la pension de la retraite qui est soumise à des conditions que beaucoup de retraités ignorent.
Obligation de résidence en France au moins 6 mois par an
En effet, en France, certains retraités, soit par manque de trimestres, soit à cause de salaires bas avant la retraite, touchent une pension de retraite de 500 euros en moyenne. Conscient de ce problème, l’État français peut compléter jusqu’à 1480 euros « l’allocation de vieillesse ».
En réalité, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) est une prestation mensuelle accordée aux retraités ayant de faibles ressources. Elle est versée par la caisse de retraite et son montant dépend notamment de la situation familiale.
Mais surtout, cette aide complémentaire, quelle que soit la nationalité, est soumise à une obligation de résidence en France, au moins 6 mois dans l’année.
De ce fait, ces retraités qui partent vivre à l’étranger se voient réclamer des sommes colossales de la part des organismes qui ont versé l’aide.
Ils n’ont plus de retraite
Depuis quelques mois, l’Agence Anadolu a reçu de nombreux témoignages de retraités qui n’ont plus aucun revenu, car leur retraite a été coupée pour rembourser les sommes reçues au titre de l’Aspa du fait que le retraité a passé plus de 6 mois à l’étranger.
« On me réclame 40 000 euros », soupire Mustafa Y. qui habite seul dans un appartement HLM de Strasbourg. Il a perdu sa femme, décédée des suites de la Covid, lorsqu’il était en Turquie en 2021 et n’a pas eu le courage de revenir en France à 88 ans. Quand il a remarqué que sa retraite avait été coupée, il a dû se déplacer en France et c’est avec stupéfaction qu’il a découvert la somme réclamée.
Osman E. est aussi dans la même situation. On lui réclame deux ans d’Aspa. Pourtant, lui et sa femme pensaient bien faire en partant en Turquie et en libérant un appartement HLM. « Il y a des milliers de familles qui attendent des logements pour vivre dignement. Notre retraite à 1000 € ne nous suffisait pas avec le loyer et les charges qui restent élevés. Alors, nous avons décidé de rentrer en Turquie non seulement pour ne plus avoir peur des lendemains, mais aussi pour libérer notre appartement qui était devenu trop grand et trop cher pour nous », argumente Zehra E., la femme d’Osman.
Tétanisés à l’idée de ne plus rien toucher pendant deux ans et envisagent de recourir aux conseils d’un avocat.
L’Aspa sur toutes les lèvres
« Aujourd’hui, le sujet de discussion favori des familles est l’Aspa », raconte un responsable dans une association locale. Il a été interpellé par plusieurs membres qui lui demandent conseil.
« Alors, je leur explique qu’ils n’ont pas le choix et doivent décider de vivre définitivement en Turquie en demandant uniquement la pension de retraite ou alors de passer au moins 6 moins par an en France », résume le responsable.
Et pourtant, il est conscient que sans cette aide, « vivre dans un autre pays n’est pas possible et vivre en France même avec cette aide n’est pas possible non plus ». Ces retraités se trouvent, ainsi, dans une situation très délicate et ne savent plus quelle décision prendre.
« Je comprends l’argument de l’État, mais je pense qu’il peut trouver un juste milieu en autorisant ces personnes à rester un peu plus dans leurs pays d’origines comme 10 ou 11 mois dans l’année », suggère le responsable qui reste tout de même pessimiste « vu le contexte politique et économique actuel ».