Sait Faik Abasıyanık est l’un des représentants les plus importants de la narration turque. Ses écrits et ses narrations ont inspiré de nombreux écrivains et de nombreux amateurs de littérature ont adopté le genre de l’histoire. Nous partageons avec vous, un passage de l’histoire de Sait Faik Abasıyanık « Le miroir de plage » écrite en 1950.
L’Idée principale du livre est que, différents événements qui affectent des personnes, peuvent conduire à d’autres événements encore plus différents. Par exemple, un moment de colère peut avoir de mauvaises conséquences.
-As-tu une maman ?
-Sûr que j’en ai une !
-Elle travaille ?
-Oui, elle est lavandière.
-Et toi que veux-tu faire quand tu seras grand ?
-Moi ? Dit-il …
Il leva ses yeux vers moi et l’on se fixa du regard.
-Je veux peindre, dit-il.
-Que veux-tu peindre ?
-Je veux être cireur de chaussures !
-Pourquoi cireur de chaussures ?
-Que veux-tu que je fasse d’autre ?
-Sois médecin ?
-Non, me répond-il.
-Pourquoi ?
Je n’aime pas les docteurs
-Bah, j’aime pas les docteurs.
-Mais pourquoi donc ? Comment ne peux-tu pas aimer les docteurs ?
-Et bah bien sûr que je ne les aime pas, dit-il. Ma maman est tombée malade, le docteur est venu à la maison. On a cassé la tire-lire. On lui a donné toutes nos pièces de 25 centimes. Il ne nous restait que des 5 centimes et avec eux nous avons pu avoir une ordonnance, et ça de force.
-Mais ta mère était guérie.
-Ma maman était guérie mais on n’avait plus d’argent. Je n’ai rien mangé durant 2 jours.
-Bon d’accord, alors sois enseignant.
-Je ne vais pas à l’école, moi.
-Pourquoi ?
-Le maître me tape.
-Pourquoi ?
-Car je fais des bêtises.
-Et bien arrête de faire des bêtises dans ce cas !
-Mais moi je ne sais pas ce que ça veut dire de faire des bêtises.
-Les bêtises sont ce que ton enseignant te demande de ne pas faire.
Les bêtises changent tout le temps
-Mais ça change toujours !… Un jour un camarade de classe m’a dit « bâtard de lavandière » et bah moi je l’ai tapé et le maître m’a tapé. Après ce jour, tout le monde m’appelait « bâtard de lavandière » et moi je n’ai tapé personne car c’était des bêtises apparemment. Puis quelques jours après, mon camarde de classe d’à coté avait 2 feutres. J’en ai pris un. Ils m’ont traité de voleur et Ils m’ont tapé. Mais moi je n’avais pas de feutre alors je l’ai pris, ça aussi c’est faire des bêtises et c’est très grave apparemment. Je leur ai dit que plus jamais je ne prendrai le feutre de quelqu’un. Bah du coup j’ai pris son cahier ! Cette fois-ci, ils m’ont tapé et ils m’ont renvoyé de l’école.
-Tu as été très vilain.
-Oui j’ai été vilain, mais moi je ne veux pas devenir adulte.
-Bien que veux-tu devenir alors ? -Bah je t’ai déjà dit : cireur de chaussures. »
Le miroir de plage/ Sait Faik Abasıyanık
Traduit par Sibel Karakus